L’une des opérations les plus fameuses et mythiques de la Seconde Guerre mondiale fut celle nommée Fortitude. Vaste entreprise de désinformation destinée à tromper les nazis sur les véritables plans et objectifs de débarquement de leurs ennemis, chapeautée par le grand Patton, elle a vu les alliés reproduire des armées entières, chars et avions inclus, en versions factices et souvent gonflables.
L’histoire bien apprise, c’est dans ces vieux pots que l’Ukraine semble servir une étonnante tambouille à son envahisseur russe. Selon le Washington Post, qui cite des officiels américains et ukrainiens, les armées de Kiev auraient disséminé de faux systèmes d’artillerie HIMARS en bois un peu partout sur les champs de bataille afin de leurrer l’ennemi et d’attirer ses missiles.
Le quotidien américain, qui a pu observer des photographies des lance-missiles factices, explique qu’il est très difficile de les différencier des armes réelles envoyées par les États-Unis ou le Canada, et devenus la hantise d’armées russes qu’elles malmènent désormais depuis de longues distances.
Leurre de rien
«Quand un drone de surveillance russe trouve un HIMARS, c’est comme une cible VIP», s’amuse un officiel ukrainien. La tactique semble fonctionner: dès les premières semaines, et dans un contexte où les missiles de précision manquent du côté russe, une dizaine de précieux Kalibr seraient ainsi venus s’écraser contre ces très gros jouets en bois.
«Ils disent avoir détruit plus de HIMARS que nous n’en avons jamais envoyé», s’amuse un diplomate américain. Le truc marche si bien que, toujours selon le Washington Post, l’Ukraine aurait décidé d’augmenter la production de ses lance-missiles en pin peint et intérieur hêtre, afin de faire gâcher plus de munitions à l’ennemi russe.
On comprend la précipitation des armées de Moscou à détruire tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à l’un de ces «High Mobility Artillery Rocket Systems».
Par sa portée et la précision de ses munitions, l’arme est stratégiquement si importante qu’elle a peut-être permis à l’Ukraine de stopper l’avancée russe dans l’est du pays, et à préparer sa contre-offensive dans le sud.